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2 février 2011

SIMARRE

                                                                       SIMARRE

            Une sorte de robe ample et légère, d’abord portée par les femmes au Moyen-âge puis devenue coutumière aux juges et aux prêtres. Parler de la simarre est assez désuet pensez-vous, en tout cas le témoignage d’un goût exagéré des usages du passé ? Pas tant que ça. Même si la soutane n’est pas si légère que la simarre de ses origines, je trouve amusant que l’église, tout en interdisant à ses représentants tout commerce avec les femmes, ait adopté leur costume traditionnel. Il y a là dedans une sorte d’ambigüité carrément psychanalytique…Au secours docteur Freud, on ne sait plus dans quel sens ou quel sexe trouver notre Œdipe.

            Ce n’est pas si vieux, cinquante ans à peine, que les femmes en pantalons faisaient encore scandale tandis que nos curés abandonnaient majoritairement leur robe aussi noire que malcommode. Pour les sorties dominicales, je me souviens bien que l’abbé des Carmes portait un short comme tout le monde pour accompagner les gosses du catéchisme dans les collines. Quand il avait trop chaud il soulevait les pans de sa robe ridicule et inutile pour avancer plus vite et nous montrer le chemin. Je ne sais pas si la sainteté est crédible à un tel prix mais plus d’un s’est découragé de pareilles voies.

            Car la simarre est légère, sensuelle même, surtout quand elle est en soie. Homme ou femme imaginez l’effet de ce voilage sur les zones les plus sensibles de nos anatomies, toutes les proéminences sont frôlées, caressées comme chênes verts penchés par le mistral sur la moindre colline du pays de Giono. Pour les unes, ce sont les seins qui s’y collent et arborent fièrement leurs tétons dressés comme une invite à s’intéresser à tout ce qui se cache dans les drapés. Pour les autres c’est le pénis que la soie irrite, stimule, tandis que les testicules s’engoncent dans la moiteur intime des replis du tissu. On en viendrait à accuser ce vêtement aussi simple que biblique de favoriser la fornication, voire d’être parfois la cause des perversions inattendues de ceux qui le portèrent. Les bougres de l’inquisition chassaient-ils la bougrerie à la mesure de leur honte d’en être ?

            Foin des imaginations. J’aime la simarre parce que c’est un beau mot, qui sonne si bien qu’on a envie de s’en servir même lorsque son sens nous échappe. Avant de me jeter sur le dico je l’ai trouvé dans la traduction d’un bouquin américain, biographie humoristique d’une championne de natation. Je rends grâces au traducteur de l’avoir utilisé pour désigner la chemise dont son héroïne encore impubère se couvrait après son entraînement acharné et nous  découvrir les sensations d’une petite fille devinant pas à pas son corps de sportive qui devient femme. Un tel mot mérite de ne pas se perdre, de retrouver du sens.

            Gens de la mode, je lance un appel à vos défilés de nuit. Cachez, cachez nos corps à l’heure des mystères des reposoirs. Gardez nous la simarre, au moins en chemise.  

            

                

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