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24 mai 2016

Tréteau

                                                                             Tréteau

                Rien de plus simple qu'un mot simple, facile à prononcer et que tout le monde connaît. On pense d'abord à un bête chevalet de bois en forme de V inversé, pratique pour poser une surface destinée à de de multiples usages, art, cuisine, bureau, mais de ce tréteau banal on s'en fiche. Le tréteau véritable, celui qui compte est une sorte d'estrade installée par le bateleur au coin du marché, juste au meilleur du passage, à l'endroit précis ou vous serez aspiré par son boniment, accroché sans le vouloir par son étalage. Mieux encore, le tréteau c'est la scène des troupes itinérantes d'acteurs, installée de ville en ville comme au temps de l'Illustre Théâtre et de l'ami Molière.   

                 Il ne faut pas négliger la force créatrice du tréteau. C'est en parcourant les provinces que notre génial inventeur de comédies apprit le métier d'amuseur, forgea son caractère, rencontra les figures qu'il mit en scène une fois parvenu à la cour. Par dessus tout, c'est en foulant les planches juché sur les tréteaux qu'il tissa avec le public le lien qui unit encore, après des lustres, les enfants des écoles comme les spectateurs des multiples scènes qui jouent ses comédies en tous lieux et saisons. Nombreux nous l'imitâmes avec un peu moins de talent.

                D'ailleurs on rit toujours des mêmes.

Harpagon hélas, revêt les multiples visages des partisans du toujours plus, qui s'octroient, à la tête de leurs entreprises, des prébendes si mirobolantes qu'on se demande comment ils vont bien pouvoir les dépenser. N'y songez pas, c'est impossible:comme Harpagon leur plaisr est d'accumuler.                                                                                                                         

Don Juan de son côté, fait la une de l'actualité sous les traits d'un parlementaire pansu et chevronné dont nul n'aurait imaginé que son allure débonnaire de sauveur de la planète, dissimulait les traits d'un véritable prédateur sexuel, bousculant le moindre jupon passant à sa portée et se répandant en propos si graveleux auprès des autres, que même les salles de garde des écoles de médecine et les halls de casernes en rougiraient de honte s'ils les entendaient.

Tartuffe a quitté La Cour et siège dans toutes les cours. Celles des gazettes aussi bien que celles de toutes les sortes de tréteaux avec ou sans fil, sans oublier les éditeurs qui nous abreuvent de penseurs d'un jour qui ont des avis sur tout, ni même le dernier philosophe autoproclamé cinéaste, habile au point de faire projeter à grand bruit à Cannes la relation d'une guerre si lointaine qu'il prétend à juste titre être le seul à la connaître. Seul il le restera, n'en doutons pas. Et qui nous délivrera des autres Tartuffe qui se déclarent messagers d'une révélation si essentielle qu'il faudrait la graver dans le marbre constitutionnel au point d'en obliger le plus modeste citoyen, tandis que dans le même temps d'autres se déclarent papes du sexe qui gouverne le monde et répandent en tout lieu affiches, images, écrits, si suggestifs qu'on se prendrait tous pour Samson courtisant Dalida.

                 Par bonheur, le bon sens et Molière nous préservent des pédants. Je leur préfère, oh combien, la légende d'Amphitryon où l'on voit Zeus déguisé visiter la compagne du héros avec laquelle il conçoit Hercule. Bon prince Amphitryon pardonne à son épouse et élève son enfant comme un honnête homme. L'histoire dit aussi que sa femme était réputée autant pour sa beauté que pour son caractère, c'est pourquoi Amphitryon...il avait bien raison.

Sur les tréteaux de Molière sombre le Commandeur, l'humanité triomphe.  

 

 

   

 

 

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  • Blog des mots. A partir d'une définition de mots simple, ce blog raconte l'actualité, effleure les sentiments, égratigne les gens et les hommes publics tout en s'efforçant de distraire. Gardons le sourire, les temps sont durs.
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