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18 août 2014

Comète

                                                                  Comète

                    Ce mot est fade. De la comète on retient d'abord sa longue chevelure. C'est d'elle que provient son nom latin et c'est elle qui nous fait rêver. Les Romains avaient bien de la chance de pouvoir admirer leurs comètes dans un ciel intact de pollutions lumineuses ou de poussières urbaines. Imaginez, à l'abri des  lueurs de la fée électricité qui rendent notre planète pareille à un immense ver luisant, le spectacle grandiose de ces coiffures célestes, explosant d'éclairs et de couleurs au fur et à mesure qu'elles approchaient du soleil. Impossible de croire que ces lointaines balles lumineuses, qui semblaient alors des messages de l'Olympe, ou l'objet des jeux des héros antiques pour épater la galerie des humains, étaient seulement des amas de gaz et de poussières stellaires errant dans un hasard infini. Aujourd'hui on est revenu sur terre, on sait, au prix du rêve perdu, ce qu'est vraiment une comète. Cet objet bizarre est à la mode grâce à l'agence spatiale qui a balancé une sonde de dix ans, l'âge d'un bon whisky, sur un gros caillou proche du soleil qu'on reconnaît à son nom russe  ridicule et à son numéro impossible à retenir. La sonde, elle, s'appelle Rosetta; ça ne s'invente pas.

                     Dommage, Le temps des doutes avait du bon. On se posait plein de questions et chacun avait loisir d'apporter sa réponse. Les hommes de foi prenaient des paris et voyaient dans le ciel le témoignage de la présence des dieux, de leur magnanimité, de leur colère ou de leur indifférence puisque la plupart de ces points lumineux finissaient par disparaître sans tambour ni trompettes. Les hommes de peu de foi, eux, voulaient parfois savoir, entreprenaient une quête, elle a duré de longs siècles, pour comparer entre elles les planètes et les étoiles, calculer les distances et les trajectoires et établir la composition de la matière environnante de notre terre en apparence si solide et en réalité si fragile. Bien qu'ils fussent souvent restés dans la pénombre de progrès chèrement acquis pas à pas, on brûla même quelques audacieux qui prétendaient mettre la science au dessus des prétentions obscures des pouvoirs établis. En y regardant de près on sait maintenant qu'une ou plusieurs grosses comètes ont pu assombrir le ciel au point de détruire les espèces et qu'il n'est pas impossible qu'une facétie du hasard fasse un jour exploser la terre comme une noix dans une collision. Nous ne sommes à l'abri de rien. Rosetta nous en administre la leçon et nos gouvernements feraient bien de la retenir en protégeant le bien le plus précieux à léguer à nos descendants, une terre fertile, intacte, embellie par nos découvertes.                 

                     Hélas! On fait des plans sur la comète depuis la nuit des temps et la bise de Rosetta à un tas de glace distant de dix ans de voyage n'est pas le plus farfelu. L'acharnement destructeur des dirigeants du monde à poursuivre la quête d'une production sans cesse accrue, à noyer des vallées, à raser des collines pour fabriquer de la chaux, et ne parlons même pas des guerres qui éclatent ici ou là, cette obstination ignore les nécessités élémentaires de l' avenir. La planète est atteinte d'une maladie frénétique: le court-termisme. Chacun garde farouchement son pré carré sans voir que l'appauvrissement de celui du voisin conduira fatalement à la disparition du sien. Tel président attend  la croissance, en vain comme soeur Anne, sans comprendre que la terre, comme la plus courageuse des femmes ou le plus beau des hommes ne peut donner que ce qu'elle a. C'est déjà fait et il faudrait se payer sur la bête du voisin pour s'enrichir à ses dépens. Parions qu'il ne sera pas d'accord. 

                     Alors rêvons. Oublions que le ciel peut nous tomber sur la tête. En haut des petits cailloux se promènent sans contrainte. Rien ne les arrête. Nous pourrions être dans un de ces petits cailloux, voyager libres, comme Max. Et si un jour un gros caillou vient à  tout faire sauter il y a de vraies chances pour qu'une particule de notre matière se vête d'une longue chevelure de lumière en baladant dans l'espace temps. Ce n'est pas si grave...                    

                     

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