Sylvestre
Anne Sylvestre
Cette chronique a pour but de saluer une chanteuse trop tôt disparue. Si vous espériez lire quelques phrases bien senties de passion pour les forêts, vous pouvez passer. Quoique. Un peu comme un traquenard au coin d'un bois j'ai manqué son dernier concert dans ma province pour une stupide erreur de calendrier.
Anne Sylvestre c'était quelque chose. Elle chantait des fabulettes pour les enfants mais aussi l'amour des hommes en toute simplicité et égalité. Si vous ne connaissez pas allez donc voir sur internet. C'est un des avantages de la modernité, on y trouve Anne Sylvestre aux côtés de Brassens. De quoi se consoler des rappeurs et des chansons en Anglais auxquelles la majorité des auditeurs ne comprend rien.
Ce dernier concert avait lieu dans une maison des jeunes transformée en centre culturel. J'ai des regrets pour le côté confidentiel de cette manifestation, presque une célébration. De nos jours la mode est au stade de France. Les spectateurs payent cher pour respirer l'odeur de leur voisin qui s'agite en cadence au rythme de ce que les écrans veulent bien laisser voir. La vedette est au loin, invisible, inaccessible. Demain matin la presse vous fera découvrir son intimité dans le palace du coin. Rien n'est vrai mais ça se vend bien.
Dans le fond c'est une sorte de messe. L'important c'est d'être là avec les autres et de participer de vibrer avec eux, à l'unisson. Le hic c'est qu'on ne les connaît pas, on ne sait pas vraiment pourquoi ils sont là ni pourquoi il bougent en même temps. Et s'ils étaient vides ? Et si ce rassemblement n'avait pour seule raison que le fric ?
Dans une de ses chansons Anne Sylvestre dit adieu à son amant d'un jour : "devais-je crier Grégoire, Jean-Philippe ou Sébastien, vous aurez peine à le croire j'avoue que je n'en sais rien." Du temps ou l'on comprenait les paroles. Adieu Anne.