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13 août 2021

Breloque

                                                          Une forme olympique.

               Ça y est! Ils ont réussi! Après cinq ans d'attente le gouvernement japonais est enfin parvenu à organiser la rencontre olympique sur son archipel. Sans public il fallait le faire. Une question de prestige paraît-il. Le déficit, forcément élevé dans ses conditions, on n'en parle plus. Ne pas parler des choses qui fâchent, le peuple japonais paiera. Le prix des installations surdimentionnées, le coût du bétonnage de quelques hectares de rizière dans un pays qui manque cruellement d'espaces naturels ? On ne va pas tout arrêter sous prétexte que la Californie brûle en même temps que la Grèce, que la Sibérie est en braise et que la surface de la barrière de corail a diminué de moitié en dix ans. Les ministres japonais affichent une forme olympique.

               Dans l'ancien français battre la breloque signifiait perdre la raison. En écoutant nos propres ministres compter les médailles on peut se poser la question, à les entendre on croirait presque que c'est eux qui les ont gagnés ces colifichets. Dans les sports d'équipe c'est exactement formidable. Les sportifs d'une nation dont les dirigeants prônent les vertus de l'individualisme ont montré au contraire avec talent que l'esprit collectif, la solidarité, le partage conduisent leurs équipes jusqu'aux plus hauts sommets. A contresens des idéologues de l'élite égoiste, les performances et les récompenses obtenues dans les disciplines chéries des responsables de l'olympisme hexagonal se réduisent à pas grand chose, pour ainsi dire rien. Un seul podium, l'athlétisme français a disparu des radars médiatiques. 

               D'accord. Il faut bien admettre que tous ces sportifs de haut niveau engagés depuis de nombreuses années pour atteindre l'excellence méritaient de n'être pas oubliés quels que soient leurs résultats. Leur participation cent fois méritée, complètement légitime, ne souffre pas la moindre contestation. Hélas ils n'ont pas tous le bonheur d'être élus. C'est là que bât blesse les nations sportives. Faut-il organiser tous les quatre ans des cérémonies olympiques aussi fastueuses que coûteuses pour s'affirmer au rang des nations et faire connaître les meilleurs athlètes ou serait-il préférable de se consacrer davantage à développer l'esprit d'équipe sportif dans les quartiers et les villages ? Je suggère que ce choix appartiennne à ceux qui pratiquent une discipline plutôt qu'à ceux qui les regardent ou pire à ceux qui les utilisent à leurs fins électorales. 

              Les responsables du sport dans nos pays ont déjà choisi les jeux de Paris. Ils sont prêts, comme en 1870 ils déclarent à gogo qu'il ne manquera pas un bouton de guêtre. Bien entendu les budgets seront dépassés mais il ne faut pas le dire. Après l'épidémie comment imaginer que toute la planète se retrouvera sans peine dans la capitale française, même sans la Covid des déficits sont à prévoir et ne seront jamais résorbés. Que croyez vous? Il faudra bien héberger tout ce beau monde. On ne va quand même pas sacrifier un espace vert dans une ville qui en manque déjà. Tiens. Juste à côté on a le 93. Un département surpeuplé, harasssé. C'est là que les idéologues ont choisi de construire la piscine olympique sur le dernier terrain vert encore disponibe. Les urbanistes appellent ça une dent creuse entre les immeubles. Jusqu'ici c'était un jardin ouvrier du genre espace partagé convivial. Un sacrifice voué aux célébrités de la performance. Tant pis pour les jardiniers de poireaux s'ils ne passent pas à la télé. Pauvre 93 !

              Contre vents et marées Paris olympique a son lobby dans les hautes sphères. Pas question de renoncer le bon peuple paiera le déficit. "Il ne manquera pas pas un bouton de guêtre..." On sait ce que ça a donné en 70 dans Paris assiégé.         

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