Urbain
Urbain
Un prénom d'un autre âge, tellement démodé que de nos jours, même un pape n'oserait l'emprunter. En revanche si on parle des gens qui habitent en ville nous sommes tous concernés, enfin presque tous. Les autres sont des faux ruraux. On en a beaucoup parlé dans les gazettes, vous devez être au courant. On les a rencontrés autour des rond-points, près des péages, avec un gilet jaune, ils se plaignent de manquer de tout dans leurs campagnes, écoles, maternités, postes, transports, commerces, tout a foutu le camp. Quand ils ont un boulot c'est en ville. Ne les confondez pas avec les paysans, s'ils habitent là c'est parce que c'est moins cher et qu'ils sont pauvres. D'ailleurs des paysans il y en a de moins en moins et ils sont pauvres eux aussi.
Urbain, c'est aussi une façon d'être, un comportement. Plus aucun rapport avec sa résidence, c'est un bon moyen de réussir dans la vie, il suffit de ne se fâcher avec quiconque. C'est la voie royale de l'élite. La finance recrute des urbains, pour placer l'argent des autres on dit qu'il faut savoir déjeuner poli, policé, contracter dans une chaude ambiance. Bien entendu l'idéal serait d'avoir exercé deux fonctions, l'une conduisant à l'autre. De la grande finance à la politique il n'y a qu'un pas pour parvenir au sommet.Suivez mon regard... Et ne croyez pas que c'est facile. Beaucoup s'y appliquent tout en végétant dans les postes subalternes des préfectures.Un vrai purgatoire. Ne pas accéder au poste d'autorité auquel il aspire, ça vous aigrit le fonctionnaire. Plus urbain du tout.
C'est comme ça l'urbanité. Les gens d'en bas diraient que c'est le bal des faux culs, ceux d'en haut la taxeraiant d'hypocrisie avec leurs pincettes. Le drame récent de Notre Dame nous en donne un exemple instructif. Tandis que le citoyen de base, ému, se préparait à verser son obole pour reconstruire ce symbole central de la mémoire de la nation, il fut pris de court, et à quelle vitesse par les urbains. S'engagea alors une surenchère digne d'une salle des ventes à coup de millions hypocrites. On apprit le lendemain que la générosité courait après la déduction fiscale de la part de quidams qui n'ont jamais trouvé le chemin de leur poche devant un sans abri. Nausée.
Regardez les! Entre eux les parvenus sont... charmants. Normal, ils ont fréquenté les mêmes grandes écoles, ils se croisent dans les allées des sièges sociaux des entreprises du CAC, dans les couloirs spacieux des ministères. Ou bien ils se fréquentent à l'église, dans les fêtes familiales, prennnent leurs vacances au Touquet Paris plage ou dans un site connu pour l'entre-soi. En revanche il est déconseillé de contester la relation de l'urbain de pouvoir avec le simple citoyen, surtout de douter de sa morale, la réaction serait féroce. Nombreux sont ceux qui en ont fait la triste expérience, contrôlés, bastonnés, ne parlons pas des infirmités, l'urbain est impitoyable. Oui! Il faut bien constater que certains actes excessifs dans les récentes jacqueries en jaune méritaient sanction. N'empêche. La dureté de la réponse interdit la réconciliation, l'aveuglement fait place au dialogue. L'urbanité a bien disparu des rapports sociaux dans nos régions. "Que vous soyez puissant ou misérable..." Désolant!
Autrefois l'élite faisait ses humanités, aujourd'hui elle fait ses urbanités semble t-il. De cette manière, je ne suis pas certain que le citoyen lambda ait gagné au change.