Climat
Climat
Chaud devant! Cette alerte familière inventée dans les cuisines de nos grands restaurants devrait être adoptée d'urgence par tous les résidents de la planète bleue, du plus pauvre des coolies dont le champ du Bengladesch menace de disparaître sous les eaux au plus illustre des dirigeants se croyant à l'abri en son château. Tous en parlent. Beaucoup ne font rien mais tous seront frappés. Agir vite. Ce n'est pas une mode, un sujet encombrant qu'on aborde pour mieux s'en débarrasser. Hélas, la plupart de ceux qui on le pouvoir d'agir ont d'autres chats à fouetter. Ils ont tort.
Demain, en certains endroits c'est déjà le cas, la terre ne sera plus qu'une fournaise inhabitable. Ceux qui resteront, peu nombreux, à l'abri de leur clim alimentée par les derniers résidus de gaz de schiste, n'auront plus qu'à la rebaptiser planète rouge en contemplant le résultat des cataclysmes dont seront victimes la majorité de leurs contemporains. Leur tour viendra. C'est tout ce que je peux promettre aux classes supérieures si elles continuent à tourner leur regard vers le court terme.
On hésite à en parler tant le sujet est rebattu. Le climat des affaires domine tout. Après nous le déluge semble devenu un mot d'ordre mondial. On peut pardonner aux bidonvilles de ne pas agir en faveur de l'air pur, mais que penser des autres, de tous les autres, ceux qui n'ont pas la certitude d'avoir faim demain matin ? Le désir de ne rien changer à la société engendre l'impuissance. Chacun veut garder sa place nantie contre l'évidence. Je ne sais pas si, dans les temps bibliques, Noé a vraiment sauvé les espèces de la noyade mais je commence à me demander où construire l'arche qui préservera les hommes des prochaines inondations et qui sera autorisé à monter à bord ? Comme d'habitude il se pourrait que les plus riches, les dictateurs et leurs généraux soient de la partie en abandonnant tous les autres.
En attendant on continue comme si de rien n'était. Mme Merkel se dope au charbon, M Trump en fait sa drogue préférée, les Polonais qui en trouvent partout sont perfusés à l'anthracite. Les Chinois qui ne peuvent plus respirer voudraient bien s'en débarrasser, sans savoir par où commencer. Sachez, si vous l'ignorez, que sans charbon Oulan Bator, capitale de la Mongolie serait rayée de la carte, inhabitable pour son million demie de résidents. En attendant le smog les étouffe.
Dans le même temps, comble, oh dérisoire ridicule, j'apprends dans une gazette que le mot à la mode dans mon propre pays est climax, une invention de DRH pour désigner la pauvreté des rapports humains qui caractérise l'époque moderne. Le climax se dégrade paraît-il dans l'industrie nationale qui fout le camp, sans parler des cercles politiques en bisbille avec leurs citoyens. J'apprends encore que les salariés de la télé, victimes d'un mauvais climax, sont menacés de licenciements nombreux, ils ne seront pas les seuls. Poursuivons, ne pas s'arrêter en si bon chemin, l'intitulé Climax désigne pêle mêle un grand magasin, un groupe de rock, une classe préparatoire aux grandes écoles (sic), une boutique de magie...
J'ai vérifié dans ce bon vieux Littré, traduit du grec et peu usité, climax veut seulement dire gradation. L'usage abusif du sens des choses se moque bien du climat comme d'une guigne.
Climax ! Osons le dire, ils n'ont pas peur des mots, ni du déluge.