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6 février 2013

Dièse

                                                                               Dièse

                 Inutile de hausser la voix pour en parler, ce ne serait  que d’un demi ton et si vous mettiez un bémol ne croyez pas que vous parviendriez au même résultat : même si la hauteur est identique les musiciens ont inventé l’un pour monter la gamme, l’autre pour la descendre. C’est à se demander s’ils avaient vraiment besoin de tout compliquer ou pour leur quant à soi. L’actualité qui m’inspire, est que cette clef, ce mot passe-partout, banal, vient d’être emprunté par les adeptes, les passionnés de la toile. Vous l’avez peut être déjà découvert, le mot-dièse fleurit  dans les messages électroniques pour remplacer, élégamment paraît-il, un anglicisme barbare à la mode, le hashtag.

                 Tout ça ne sert à rien. On peut toujours argumenter sur l’intérêt de l’emprunt du symbole graphique de la musique dans les claviers téléphoniques, encore que son usage vous destine le plus souvent sur une voie de garage ou, pire, un répondeur musical, mais il y a vraiment de quoi s’interroger sur la valeur grammaticale du mot-dièse. Sans doute une coquetterie supplémentaire réservée  aux initiés des langages codés qui passent en trois dimensions, bientôt quatre, sur les appareils sensitifs qu’on s’arrache dans les boutiques de Com.

                 Ou bien, cela nous aurait échappé, cette invention relèverait de la poésie qui, comme on le sait se cacherait, dans le réseau comme ailleurs, dans des détails ou des endroits imprévus. Dans la phrase musicale les altérations, dièse et bémol, servent à renforcer l’expression ou lui donner un sens nouveau, un sang neuf, autre que celui exprimé par la note pure, elles font rire ou pleurer, elles  sont gaies ou tristes, elles vous donnent envie de chanter, de danser ou simplement parfois de vous asseoir et de rester à écouter, apaisé. Voilà la musique et voici que les accrocs du message électronique, sacrée jeunesse, nous inventent un chant visuel nouveau, une sorte de polyphonie graphique, bientôt un genre de symphonie puisque leurs élucubrations peuvent être partagées par des milliers, voire des millions, sur les réseaux partagés. 

                 Un concert est né, qu’on n’entend pas à l’opéra ni à l’Olympia, le concert du partage. Sur la toile on parle de tout et de rien, de la mode, du mariage, du film sur Lincoln, du cancer comme du mal aux pieds ou de la gueule de bois ; on se donne rendez vous par centaines dans une fête, on drague sur des sites spécialisés qui coupent votre vie en tranches ou cherchent tantôt à regrouper vos âges, tantôt à vous classer selon la couleur de vos yeux, la teinture de vos cheveux , votre amour pour la marche à pied, les saucisses frites, ou que sais-je encore. Certains chargent leur ordinateur de leurs états d’âme tous publics pendant que d’autres affichent leurs photos préférées ou le facsimilé de leurs dernières aquarelles mais attention, tous ont le loisir de se cacher derrière un prête nom ou de truquer leur apparence.

                        Pour en finir avec les altérations du réel et de la vérité je vous suggère un usage plus en rapport avec le sens originel. La prochaine fois que vous ferez l’amour décidez donc si vous échangez en dièse ou en bémol, à la note ou à la clé sur toute la ligne, et surtout veillez à chanter  juste et en mesure avec vote partenaire. 

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  • Blog des mots. A partir d'une définition de mots simple, ce blog raconte l'actualité, effleure les sentiments, égratigne les gens et les hommes publics tout en s'efforçant de distraire. Gardons le sourire, les temps sont durs.
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