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19 octobre 2010

Bernard

                                                           GALERIE-1

BERNARD.

            Difficile de l’éviter Bernard, il s’impose. Depuis qu’il pèse à nouveau 400 millions, il est redevenu une star.

Il est là, tapi dans son coin, comme un boxeur. Le journaliste aurait aimé l’éviter, l’auditeur se demande si c’est bien utile de l’écouter, rien ni personne ne l’empêcheront de parler. Faut dire qu’il est bien de chez nous Bernard, correct, propre sur lui, costume et cravate sobres sur la chemise blanche impeccable. La chevelure noire, type Lozère ou Massif-Central, est fournie. Avec son teint légèrement olivâtre il fait penser aux photos de Laval à Montoire pendant la promenade. Ou alors c’est la crise de foie.

            Il guette Bernard, il est attentif. A la première question insolente il accuse la  jalousie des autres ou les méfaits de la rumeur pour éviter de répondre. Après tout il est dans son droit puisqu’on lui a rendu son argent, les juges sont avec lui en fin de compte.

            Il a du charme Bernard. Les dents lustrées affichent un sourire carnassier. On ne sait si c’est ce même sourire qu’il arbore sur scène. Parions que les intrigues éculées dans lesquelles il se joue des méchants font se pâmer les rombières en province ou dans le 16ème. Ah qu’il est loin le temps ou il vendait des télés à Pantin. C’est là qu’il a tout appris : comment déposer le bilan tous les six mois, comment se relancer, comment racheter une affaire en faillite et vivre sur son actif sans payer les dettes. Il est devenu orfèvre de la cavalerie, champion du bilan, déjà un artiste dans sa partie.

            C’est qu’il sait y faire Bernard, il a du bagout, il sait convaincre du bien fondé de son travail. D’ailleurs en même temps qu’il parle en serrant sa mâchoire de requin, sa montre en diamant et platine reflète les lumières du studio, sa bagouse lance des éclairs ; du meilleur goût. Dans une autre époque, pas si loin, il aurait été camelot, Bernard. Il aurait vendu des panoplies sur les marchés ou des aspirateurs. Mais de gros financiers sont passés avant lui. Il les a vus racheter des affaires célèbres sans dépenser un centime et les payer à crédit sur le chiffre d’affaires à venir. Il a tout compris et il a fait pareil.

Il est donc devenu riche et a fini en prison. Non, pas pour ses coups foireux la prison, pour une peccadille. Un match de foot truqué, une bêtise. Alors qu’il en a acheté par dizaines des matchs et des arbitres importants, tomber pour battre un équipe de ploucs nordiques, quelle scoumoune. La faute aussi à un acharné, un procureur incorruptible, si si, il en existe. Pour se faire un nom sur le dos de Bernard sans doute. Vraiment lamentable.

            Enfin cette époque est révolue. Un petit tour de valse avec les socialistes valait bien une place de ministre. Le succès appelle le succès ont dit les journalistes. Mais il a fallu redevenir sérieux, donner des gages au pouvoir, jouer des coudes et des amitiés. En fait il aurait fallu les aider depuis le début ces gens en place. Ils savent renvoyer l’ascenseur. La preuve, Bernard est redevenu riche. Il peut même vous avouer qu’il n’a jamais manqué de rien. Il avait su prévoir et mettre de côté. Ah, c’est sûr, de nos jours les ouvriers ne peuvent pas mettre de côté mais ce n’est pas de sa faute.

Ces gens qui travaillent avec leurs mains sont d’un autre siècle. Bernard il est moderne, contemporain, des ouvriers il n’en connaît pas.

     

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